Dictionnaire des racismes: recensions, interviews, réactions (mai-décembre 2010)
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OummaTv, 5 mai 2010

Au sommaire d’OummaTV, un entretien avec Jean-Christophe Attias, directeur d’études à l’École Pratique des Hautes Études, qui est un des contributeurs du Dictionnaire des racismes, de l’exclusion et des discriminations dirigé par Esther Benbassa (éd Larousse). Ce dictionnaire est une première en France. Il présente et analyse les préjugés racistes et les pratiques discriminatoires des origines à nos jours, dans notre pays et dans le monde.
Pour voir cette vidéo, cliquer ici.

France Ô, 8, 9 et 10 mai 2010

Esther Benbassa est l’invitée de Marijosé Alie sur le plateau de Studio M. Première diffusion le 8 mai à 20h35. Rediffusions: le 9 mai à 11h55 et le 10 mai à 16h45.

Diplômée de la FEMIS, la réalisatrice Solveig Anspach viendra sur le plateau de «Studio M» parler de «Louise Michel, la rebelle», son téléfilm diffusé sur France 3 le 06 mars dernier. Son insularité d’Islandaise, née dans les îles Vestmann, donne à coup sûr à ce portrait de communarde révoltée, déportée en Nouvelle- Calédonie du temps où le «Caillou» était un bagne, une résonance particulière.

Directrice d’étude à l’école des Hautes-études de la Sorbonne, Esther Benbassa connaît bien la Commune de Paris puisque elle lui a consacré une thèse sur «La culture et la Commune de Paris». Aujourd’hui, cette spécialise de l’histoire des Juifs et d’histoire comparée des minorités, intellectuelle publique, a publié le 07 avril dernier un «Dictionnaire des racismes, de l’exclusion et des discriminations ».

Sur une note plus légère, Serena Fisseau viendra présenter son nouvel album «D’une île à l’autre », où la chanteuse d’origine indonésienne chante dans toute une multitude de langues différentes.

RFO et Tropiques FM,9 mai 2010

Interview d’Esther Benbassa par Dominique Roederer.
Diffusion en Outremer le week-end, et à Paris, le dimanche 9 mai à 19h, sur Tropiques FM (92.6)

France 3,10 mai 2010

Comme tous les 10 mai depuis cinq ans, se tenait ce 10 mai la Journée commémorative des mémoires de la traite négrière, de l’esclavage et de leur abolition.
L’occasion de revenir sur la question de l’esclavage qui fait toujours débat.
Invités sur le plateau de « Ce soir (ou jamais!) », émission animée par Frédéric
Taddéi: Christiane Taubira, Esther Benbassa (à l’occasion de la parution du Dictionnaire des racismes, de l’exclusion et des discriminations), Frédéric Régent, Bernard Grunberg, Jacob Desvarieux et Marie-Albane de Suremain.
Pour revoir l’émission, cliquer ici.


Débat à la librairie Le Divan (Paris XVe), 11 mai 2010

Rencontre-débat organisée par la librairie Le Divan et les éditions Larousse, en partenariat avec l’association Coup de Solei, avec Esther Benbassa, directrice du Dictionnaire des racismes, de l’exclusion et des discriminations, historienne, directrice d’études à l’Ecole pratique des hautes études, et 3 des 40 contributeurs: Jean-Christophe Attias, directeur d’études à l’EPHE, Pascal Blanchard, co-directeur du Groupe de recherche Achac et chercheur associé au laboratoire Communication et Politique (CNRS), et Georges Sidéris, maître de conférences à l’IUFM de Paris-Université Paris 4 Sorbonne.

Librairie Le Divan, 203, rue de la Convention, 75015 Paris. Accès : M° Convention.


Le Monde des Ados, 12 mai 2010

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Les Inrockuptibles ,12 mai 2010

Le Dictionnaire des racismes, de l’exclusion et des discriminations est l’un des cinq ouvrages cités par Jean-Marie Durand dans son article sur les études postcoloniales intitulé « Identité ? Altérité! ». Pour lire cet article sur le site des Inrockuptibles, cliquer ici.

Tout est à nous (hebdomadaire du NPA)13 mai 2010

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NB: Une version longue de cet entretien a paru le 16 mai 2010 sur le site web du NPA (voir ci-après).

Public Sénat ,14, 15, 16, 17 et 18 mai 2010

Public Sénat

Esther Benbassa est l’invitée de Jean-Marie Colombani.
Diffusions le 14 mai à 22h30; le 15 mai à 6h30, 8h et 14h45; le 16 mai à 20h30; le 17 mai à 17h30.

NPA ,16 mai 2010

Discriminations : mener le combat sur le terrain

Rencontre avec Esther Benbassa, qui a coordonné avec Jean-Christophe Attias « Le Dictionnaire des racismes, de l’exclusion et des discriminations »*.

Quel est l’objectif de ce dictionnaire, que vous venez de coordonner avec Jean-Christophe Attias ?

Il s’inscrit dans la continuité de nos actions avec l’association «le pari du vivre ensemble», fondée par nous en 2006, qui a organisé de nombreux évènements sur les discriminations, dont un colloque en décembre sur les minorités visibles en politique. Dans tout ce que nous faisions, ces questions revenaient sans arrêt. Et nous nous sommes rendu compte que même des personnes de bonne volonté ne connaissaient pas toujours les termes qu’elles utilisaient. C’est pour cette raison que nous avons travaillé ensemble durant quatre ans, avec 38 autres personnes, des savants, des intellectuels aussi bien des gens issus de la société civile comme Hamé le chanteur de rap, Thuram, des politiciens comme Christiane Taubira, des militants associatifs. La nomenclature s’est enrichie durant 4 ans au fur et à mesure des questions qui se posaient. Nous n’avons pas voulu faire seulement une histoire du racisme, des discriminations figé, c’est surtout un livre en mouvement. L’objectif était de faire un travail de «prophylaxie sociale» et de combattre ainsi l’ignorance dans le domaine. On a voulu aussi montrer la profondeur historique de ce racisme, qui ne date pas d’aujourd’hui. On ne pouvait pas faire l’impasse sur l’exclusion, la pauvreté qui est une des plus grandes discriminations. Ce genre de dictionnaires ont déjà vu le jour aux États-Unis et ce depuis les années 1980, ce qui n’était pas le cas jusqu’ici en Europe. Même aux USA ce type de dictionnaire regroupant à la fois le racisme, les discriminations et l’exclusion n’existent pas, mais on ne pouvait pas séparer les trois, vu l’ampleur aujourd’hui en Europe de la pauvreté, de toutes ces discriminations que l’on croit seulement ethniques. Nous avons voulu également inclure les discriminations contre le genre, contre les orientations sexuelles différentes de la norme imaginée, contre le handicap, etc.

Les discriminations ont pour fonction sociale de «diviser pour régner». Dans le contexte actuel de crise, qui rappelle de plus en plus les années 1930, comment se reconstruisent-elles?

J’ai beaucoup écrit sur ces questions. L’antisémitisme moderne, né dans les années 1880, comme une sorte de soubresaut, d’opposition à la modernité, l’industrialisation dont on a accusé les juifs. Et de surcroît dans les années 1930, avec la crise économique, on a fait des juifs des boucs-émissaires. La situation actuelle me rappelle beaucoup ces années-là. Les juifs français, qu’on appelait les israélites, étaient très gênés par leurs coreligionnaires qui arrivaient d’Europe de l’est portant pour certaine d’entre eux des tenues «ostensibles»; ils pensaient qu’ils suscitaient l’antisémitisme. En général, la France construit son identité contre l’Autre. Jusqu’à la fin de la Seconde Guerre mondiale, ce fut contre les juifs et aujourd’hui contre les arabo-musulmans. On retrouve la même cristallisation. Je ne soutiens pas le niqab, ni le voile, ni la polygamie, mais on ne doit pas légiférer non plus à chaque fois que le cas se présente. Il faudrait alors mettre en prison aussi tous ces chers messieurs qui ont des maîtresses! Lorsqu’un musulman fait quelque chose qui est «mal vu» par la société, tout l’islam, tous les musulmans sont accusés. On sait aussi que si d’un côté l’islam se radicalise; de l’autre, les musulmans d’Europe créent leur propre islam de plus en plus sécularisé. Ce retour à l’islam radical en Europe de certains musulmans est une sorte de réaction aux multiples discriminations subies au quotidien. Si on veut parler de radicalisme, on peut dire que ce phénomène se retrouve aussi en Occident au sein du judaïsme avec un retour à la tradition stricte. Le christianisme n’en est pas non plus épargné. Ce sont des mouvements certes minoritaires mais visibles. En revanche, c’est une aberration que d’accuser tout le groupe musulman chaque fois qu’un d’entre eux n’est pas dans la norme qu’on voudrait lui imposer. J’imagine que les musulmans doivent trembler chez eux, se disant «est ce qu’on va s’en prendre plein la figure à cause de celle qui sort avec le niqab»? C’est une logique qui était celle des juifs dans les années 30. Il fallait montrer qu’ils étaient là depuis longtemps, qu’ils étaient de vrais citoyens. Ce qui a été dit sur la naturalisation m’a profondément choquée. Il y a eu une vague de naturalisation des juifs d’Europe de l’est en 1927 et avec les lois de Vichy, on leur a repris la nationalité. C’était la première loi rétroactive. Et aujourd’hui, Brice Hortefeux dit la même chose sur la naturalisation avec une aisance choquante. Le but du dictionnaire est de montrer que cela n’est pas nouveau et que cela peut se reproduire. Il y a des stratégies politiques, des périodes de crise, des contextes qui favorisent ce genre de retour en arrière. On parle des communautés, mais la nation se referme, elle aussi; elle se rabougrit. On est dans l’anachronisme. A l’époque de la globalisation, il y a un enfermement, un repli du centre de la nation. Pourquoi les minoritaires ne feraient-ils pas la même chose; ils suivent le mouvement. Ils se replient pour recréer des communautés imaginées. Tous ceux qui cherchent un abri moral tendent à se regrouper avec ceux qui partagent le même sort.

Dans un contexte politique où le racisme revient fortement, votre ouvrage montre que cela a également toujours suscité de fortes résistances.

Dans ce dictionnaire, on a cherché à éviter la victimisation. L’abolition de l’esclavage, les droits civiques des noirs américains, tout s’est fait par les luttes menées par les intéressés eux-mêmes. N’oublions pas cela. Rien n’a été donné, tout a été acquis. On a montré que pendant ces luttes, ceux-ci ont créé des cultures, ce ne sont pas seulement des populations victimes. Le gospel, le jazz, la rumba, le hip-hop, le cinéma hollywoodien, les cultures créoles… ces cultures font partie de la culture occidentale et on a souvent tendance à l’oublier. Aujourd’hui on pense que le noir ne peut qu’être un balayeur ou que l’arabo-musulman l’épicier du coin. La culture de ces gens que nous regardons avec condescendance appartient à notre patrimoine commun

Dans cet ouvrage, nous n’avons pas cherché à faire du politiquement correct, on a mis aussi les mots tels qu’ils apparaissent dans la terminologie raciste et discriminatoire parce que les mots ont besoin de retrouver leur sens. Nous avons voulu mettre le nez des gens dans leur propre confusion. C’est une goutte d’eau, on ne va pas faire cesser le racisme mais il faut néanmoins regarder les choses en face, affirmer la volonté de les changer, comme essayent de le faire les sans-papiers, les grévistes, tous ces mouvements en lutte pour empêcher la résignation aux injustices. Nous avons tenté dans ce dictionnaire de fournir des outils pour aller de l’avant. Il a été écrit pour être accessible à tous, transmettre à tous la mémoire d’un passé non moins douloureux que le présent . Ce qui se passe aujourd’hui n’est pas nouveau, mais notre regard a changé et nous sommes , en raison des grandes tragédies du XXe siècle dont le génocide des Arméniens et des juifs et les autres génocides qui ont suivi, plus sensibles aux conséquences des racismes. Et certains d’entre nous les considèrent inacceptables et ceci avec raison. Si on ne connaît pas le pourquoi de ces bouleversements historiques, comment pourrons-nous y remédier?

Comment vois-tu les perspectives de la lutte antiraciste?

Pour en arriver à la situation actuelle, a-t-on mené les bons combats, c’est une question que je me pose personnellement. Le combat se déroule sur le terrain, au niveau associatif. Je suis peut être un peu individualiste, mais je ne crois plus aux partis, ni à leur rôle peut-être parce que le dogmatisme les empêche parfois de voir la réalité. Même si les intellectuels sont utopistes, il faut laisser les utopies s’exprimer. Il est temps de passer à une solidarité «humaine» qui ne soit pas seulement une solidarité de parti ou de syndicat. Nous sommes dans une période de crise, de chômage, de racisme, de nationalisme effervescent démodé. En tant qu’historienne je peux modestement dire que la notion même d’identité nationale est empruntée aux Barrès, Maurras et les autres: le sang, la terre où les morts sont enterrés… En fait notre identité aujourd’hui est multiple, complexe; nous ne sommes pas seulement femme, juive ou seulement blanc, seulement noir, seulement musulman. En fait, nous sommes faits de multiplicité. Actuellement , il s’agit de construire la solidarité au quotidien: moi et mon voisin, et l’autre voisin, et le voisin de l’autre voisin, le concierge, le sans-papiers, le chômeur, etc.. Ces solidarités individuelles pourraient devenir massives. Si nous ne disons pas bonjour à notre voisin, nous avons déjà perdu la partie. Comment voulez-vous ensuite qu’on aille de l’avant?Cultivons une solidarité éthique envers l’Autre. Nous n’avons pas d’autre issue. La globalisation n’est pas complètement négative, elle met en cause les frontières, quoiqu’il y ait un retour au nationalisme primaire face à l’Europe élargie, le monde virtualisé, etc. Le seul moyen de ne pas être esclave de la globalisation, c’est la solidarité au quotidien. C’est ce que j’essaye de faire modestement. Nous devons assumer notre responsabilité citoyenne au sens le plus large, avec détermination, quitte même à se tromper parfois. Je dirais même que nous y sommes condamnés.

Propos recueillis par Antoine Boulangé

*Éditions Larousse présent, 728 pages, 28 euros.

Pour lire l’entretien sur le site du NPA, cliquer ici.


France Ô, 17 mai 2010

Esther Benbassa est interviewée par Louis Otvas à l’occasion de la parution du Dictionnaire des racismes, de l’exclusion et des discriminations.

Africa n°1,
17-18-19-20-21 mai 2010


Esther Benbassa est quotidiennement l’invitée d’Anasthasie Tudiesche pour son émission « Africa Mix » (14h30-16h).

France-Info, 19 mai 2010


Esther Benbassa est l’invitée, à 13h15, de Bernard Thomasson pour parler du Dictionnaire des racismes, de l’exclusion et des discriminations.

Pour écouter l’émission, cliquer ici.

Nonfiction.fr, 20 mai 2010

Quel est le point commun entre Richard Wagner, Dracula et Ken Saro-Wiwa ? Entre les boat people, les ‘feujs’ et les zoos humains ? Et bien il s’agit là de six des plus de 500 entrées du Dictionnaire des racismes, de l’exclusion et des discriminations. Le compositeur tant adulé des nazis est l’auteur d’un pamphlet d’une rare violence sur Le judaïsme dans la musique (1850). Les traits du plus célèbre des vampires témoignent du succès des théories de Cesare Lumbroso (1835-1909), selon lesquelles l’apparence physique explique le caractère des individus (physiognomonie). Quant à Ken Saro-Wiwa (1941-1995), il s’agit d’un écrivain et producteur nigérian, assassiné par le régime de son pays pour avoir dénoncé les complicités de la compagnie pétrolière Shell dans la persécution du peuple Ogoni. Certaines entrées ne sont pas surprenantes (Black Power, Césaire, colonialisme, discriminations sexuelles, Ellis Island, féminisme, gaucher, handiphobie, race, voile…) mais les textes proposés permettent en général de faire le point sur la question, dans un style toujours très accessible. D’autres entrées, par contre, mettent l’esprit en appétit et peuvent être considérées comme des invitations à la découverte (blasphème, folk, musique, Nouveau Testament, restavecs, Tests mentaux de l’armée américaine, West Side Story…). Paradoxalement d’ailleurs, ce n’est pas dans le Dictionnaire de la Shoah, sur lequel nonfiction.fr s’était penché l’an dernier, que le lecteur trouvera une définition du mot « Shoah » qui fasse apparaître les enjeux liés au choix des mots pour évoquer l’extermination systématique des Juifs d’Europe, mais bien dans ce Dictionnaire des racismes, de l’exclusion et des discriminations paru dans la même collection, chez le même éditeur.

Cet ouvrage remarquable, dirigé par l’historienne Esther Benbassa, directrice d’études à l’École pratique des hautes études, est d’ailleurs plus qu’un dictionnaire puisqu’on y trouve également, d’une part, une trentaine de pages présentant de façon chronologique, les « temps forts » d’une histoire écrite à travers les prismes du racisme, de l’exclusion ou des discriminations, d’autre part, des réponses à une douzaine de questions de société comme « Situation des femmes : peut mieux faire ? » par Michelle Perrot, « La guerre des mémoires aura-t-elle lieu ? » par Esther Benbassa, ou des questions plus provocantes comme « La France est-elle raciste et discriminatoire ? », par Jade Lindgaard ou « Existe-t-il une éducation contre le racisme ? », par Gilles Manceron.

Des croisements souvent réussis

Les points d’articulation les plus intéressants de ce dictionnaire sont les croisements entre les différentes formes d’ostracisme. Chaque discrimination a généré des souffrances qui elles-mêmes ont déterminé des identités et donné naissance à des cultures . L’approche choisie consiste non pas à décrire par le menu la longue litanie de ces souffrances, mais, au contraire, à mettre en valeur les combats qu’elles ont générés, dans une démarche plus constructive, sinon militante, propre à bien des contributeurs de l’ouvrage. Ainsi, à l’entrée « homophobie », on trouvera un renvoi vers l’association SOS homophobie mais aussi vers « discriminations sexuelles », « sida » et « terminologie des discriminations sexistes » (toujours ce souci du dire juste). Le lecteur trouvera en outre un lien vers une des questions de société abordées dans la première partie, ici l’article de George Sideris intitulé « Quelles avancées en matière de lutte contre les discriminations sexuelles ? ». Et cherchant l’entrée sur les « discriminations sexuelles », on ne négligera pas non plus les pages traitant des discriminations religieuses, des discriminations raciales, de la discrimination positive, à moins que l’on s’attarde sur les renvois de l’entrée « discrimination à l’emploi ».

Sur le sport, en revanche, le résultat est moins concluant, mais le sujet est heureusement plus secondaire. La « préface à trois voix » du dictionnaire est rédigée par la députée Christine Taubira, par Hamé, chanteur du groupe La Rumeur sur lequel Nicolas Sarkozy s’acharne depuis qu’un de leurs textes critiquait « la récurrence des violences policières contre les populations immigrées », et par le footballeur Lilian Thuram. Bien naïvement, ce dernier écrit : « Le sport comme la société connaît le racisme. Peut-être moins, toutefois, parce que, dans le sport, à un moment ou un autre, il est indispensable de se rencontrer » . Intrigué par les propos de celui qui semble n’avoir jamais jeté un coup d’œil aux tribunes depuis le terrain, on se reporte à l’entrée « Sport » et là, surprise, rien sur l’homophobie. On lit d’ailleurs ceci : « Les discriminations ne sont pas consubstantielles au sport en lui-même, mais consécutives à la reproduction, dans l’univers sportif, de mécanismes d’exclusion structurant les rapports sociaux ». L’auteur évoque bien des discriminations sexuelles, mais ce n’est que pour regretter que telle ou telle discipline olympique ne soit pas ouverte aux femmes.
Les articles n’étant pas signés (des initiales auraient pourtant suffi), il faut se reporter à la liste des quarante auteurs pour apprendre que l’auteur de cette entrée est le vice-président de l’Association pour la Connaissance de l’Histoire de l’Afrique Contemporaine, ce qui, a priori, ne le qualifie pas pour aborder les questions de sport. Il eût peut-être
été judicieux d’élargir le cercle des auteurs pour trouver des plumes mieux qualifiées sur ce sujet. De même, l’article sur les Jeux olympiques de Berlin aurait pu bénéficier d’une réflexion plus générale sur l’olympisme car, après tout, ce sont bien des discriminations et des exclusions qui ont caractérisé les derniers JO, que ce soit à Pékin (Tibétains, opposants abattus avant la grand-messe) ou à Vancouver (JO organisés sur des terres dont les Indiens ont été spoliées).

Une première en France, certes…

Un des arguments de vente de ce dictionnaire est qu’il constitue « une première en France » (selon le communiqué de presse). Dans la quatrième de couverture, Esther Benbassa estime que l’absence d’un tel ouvrage témoigne d’un « retard éloquent ». A vrai dire, la richesse du dictionnaire dont elle a dirigé la rédaction se suffit à elle-même pour convaincre le lecteur. Quiconque feuillettera le volume en librairie sera persuadé de sa pertinence, pour tout public (même les lycéens). La référence à ce qui a pu être accompli dans d’autres pays est cependant parfois utilisée dans des sens différents, en qualité d’argument.

Sur les statistiques ethniques, par exemple, Esther Benbassa n’est pas aussi objective, dans sa présentation, que dans d’autres articles où elle présente avec une bonne impartialité les différentes positions. On lit à propos de ces statistiques, qui permettent d’un côté de mieux connaître les inégalités mais qui, de l’autre, introduisent un fichage selon des appartenances ethno-raciales niant implicitement le métissage de la République : « Celles-ci se pratiquent pourtant déjà en Grande-Bretagne et aux États-Unis ». Comme si l’argument était recevable (doit-on forcément trouver les modalités du « vivre ensemble » en s’inspirant de ces deux pays ?).

Inversement, dans l’article sur les « tests ADN » (abordé uniquement dans le cas du regroupement familial – « amendement Mariani » et non des discriminations à l’embauche ou concernant les compagnies d’assurance), on lit « l’auteur de l’amendement a justifié sa motion en arguant de l’usage de ces tests dans d’autres pays européens ». Dans ce cas, l’argument comparatiste ne semble pas reconnu.

Le problème du recul

Écrit au présent, ce dictionnaire suppose à la fois une prise directe sur l’actualité et un recul permettant à l’ouvrage de faire date. L’équilibre n’est pas facile à trouver et considérant combien la tâche était ardue, force est de reconnaître que le résultat est déjà probant.

A l’entrée « Tsiganes » (suivant l’entrée « terminologie pour désigner les Tsiganes »), on trouve un exposé sur leur situation en France, à la fois historique et législatif (Loi Besson pour leur accueil dans les communes), mais rien sur le cas pourtant bien préoccupant de ceux qui viennent depuis une dizaine d’années de Roumanie ou Bulgarie, et vivent aujourd’hui dans des bidonvilles essentiellement en banlieue parisienne ou lyonnaise. De même, on trouve une entrée sur l’Agence nationale pour la cohésion sociale et l’égalité des chances (qui a soutenu la réalisation de ce dictionnaire) mais pas sur le ministre de l’Immigration, de l’Intégration, de l’Identité nationale et du Développement solidaire. Il y a pourtant fort à parier que ce ministère si contesté dans son appellation même, laissera plus de trace dans l’histoire que cette énième agence.

Sur le délicat sujet du « voile », l’entrée rédigée par Esther Benbassa peut sembler un peu partiale et manquer de recul. Comment savoir réellement quels ont été les effets de la loi de 2004, dont le rôle était aussi (et surtout) dissuasif ? Elle écrit : « La loi du 15 mars 2004 interdisant le port de signes religieux ostentatoires dans les établissement scolaires (…) n’a touché qu’une infime population d’élèves portant le voile ». L’auteure reprend également, au sujet cette fois du voile intégral, la note de la Direction centrale du renseignement intérieur qui faisait état d’un décompte ridicule dans sa précision, de 367 femmes concernées sur l’ensemble du territoire français. D’autres estimations ont circulé depuis et il est probable que cet article soit remanié dans les prochaines éditions.

A côté de cela, d’autres articles peuvent sembler mieux équilibrés, comme ceux qui concernent les « langues et oppressions linguistiques » ou « extrême-droite », pour lequel il n’était pas facile de choisir les pays concernés et les élections significatives à commenter. Les articles de fond comme celui qui traite du « relativisme culturel », établissant une distinction importante avec relativisme moral, ou des « races », sont très synthétiques et agréables à lire. Parfois, le lecteur pourra estimer que le propos tenu est un peu timoré, mais c’est sans doute la contrepartie d’une présentation non polémique. Au sujet du « Musée du quai Branly », par exemple, l’auteure signale un manque de contextualisation dans la présentation des pièces, mais n’évoque pas la célèbre critique d’Aminata Traoré, ex-ministre de la culture du Mali, considérant ce musée comme un trésor de guerre en raison du mode d’acquisition de ces œuvres d’art.

Vivement la seconde édition !

Bien entendu, cette première édition comporte quelques lacunes et il est toujours possible, dans une encyclopédie ou un dictionnaire de regretter l’absence de telle ou telle entrée. Il n’y a pas d’entrée à « Religion » ni même de renvois vers les entrées « Bible », « Nouveau testament », « Coran » ou « Talmud » (autant de thèmes traités avec beaucoup d’exactitude par Jean-Christophe Attias, qui s’est efforcé de montrer l’ambivalence des religions sur ces questions). Ce n’est pas à « Vieux » qu’on trouvera des informations sur les discriminations dont les personnes âgées sont victimes, mais à « âgisme ». Tout ceci sera aisément modifié dans les futures éditions.

Enfin, précisons encore que l’ouvrage contient huit pages d’illustrations, une excellente bibliographie thématique, un index des personnes et une liste des entrées (à laquelle on aurait peut-être préféré un index thématique). Au final, le lecteur pourra acquérir un ouvrage de référence de plus de 700 pages (pour un prix tout à fait raisonnable, 28 €). Même si quelques défauts peuvent être relevés ça et là, il ne reste qu’à souhaiter que cet ouvrage soit le plus largement diffusé.

Jérôme Ségal.

Pour lire cette recension sur Nonfiction.fr, cliquer ici.


Radio-Orient, 23 mai 2010

Dans son émission « Al Maqha Al Sharqi », Hoda Barakat présente le Dictionnaire des racismes, de l’exclusion et des discriminations. Diffusion : dimanche 23 mai 2010 à 11h30. Rediffusion : lundi 24 mai 2010 à 19h30 et jeudi 27 mai 2010 à 15h30.

Pour accéder au site de l’émission, cliquer ici.

France Ô, 24 mai 2010

« Toutes les France », émission animée par Ahmed El Keiy. Thème du débat: « L’Europe a-t-elle peur de ses minorités? ». Invités: Jean-Yves Autexier, Esther Benbassa, Ghaleb Bencheikh, Daniel Lindenberg. Diffusé le 24 mai à 22h30 et le 25 mai à 12h30.

Pour voir l’émission, cliquer ici.


Fréquence protestante
, 25 mai 2010

Jacques Fischer reçoit, dans « Midi Magazine » (12h-13h), Esther Benbassa et Jean-Christophe Attias à l’occasion de la parution du Dictionnaire des racismes, de l’exclusion et des discriminations.

L’Humanité , 27 mai 2010

DicRacHuma

L’agitateur d’idées, 28 mai 2010

Un dictionnaire contre les peurs

La peur de l’inconnu. La formule est parlante. Elle pourrait expliquer les trois mots qui ont pris de l’importance dans nos sociétés ; trois mots qui servent d’axes au dictionnaire (1) dirigé par Esther Benbassa : racisme, exclusion, discrimination.

Entouré d’une quarantaine de chercheurs ou personnalités, dont Jean-Christophe Attias, cette spécialiste du judaïsme et de l’histoire comparée des minorités, directrice d’études à l’École pratique des hautes études –Sorbonne, a réussi à concevoir un outil efficace qui arrive à point nommé après le calamiteux débat sur l’identité nationale.

« Le taux du racisme et de l’antisémitisme demeure quoi qu’on en dise, élevé, y compris dans les grandes puissances occidentales. Comme si la seule égalité la plus aisément accessible était dans le partage des préjugés et du mépris de l’Autre, de sa dépréciation, toujours en danger de basculer dans la déshumanisation. »

Pourtant, c’est sa grande force, cet ouvrage ne joue pas les cassandre. Au contraire. Il évite les simplifications, les fausses évidences et les vrais malentendus. « Les politiciens imaginent-ils les Français plus racistes qu’ils ne le sont ? Pourquoi ces socialistes qui, dans le passé, firent accéder des Juifs aux plus hauts postes, demeurent-ils si réticents face aux Français issus de l’immigration ? » Bonnes questions.

Les réponses se trouvent disséminées dans ce travail collectif. Dans un des textes introductifs, Lilian Thuram voit juste lorsqu’il parle des banlieues et de ces zones dites difficiles. « Ce qu’il y a de vraiment « difficile », dans ces zones-là, c’est le regard qui est porté sur elles. » Et dans ce regard, il y a beaucoup de méconnaissance et donc d’incompréhension.

Voilà pourquoi ce dictionnaire accorde une grande place à l’histoire et aux conceptions de l’homme depuis les grandes découvertes du XV e siècle. Voilà pourquoi aussi dans un souci de synthèse et de pédagogie – nous sommes chez Larousse ! – les 300 articles sont courts, précis et accessibles. Voilà pourquoi enfin, en juxtaposant les discriminations ethniques, sociales, culturelles, sexuelles, il permet d’en saisir les mécanismes communs et s’autorise à prendre une distance salutaire envers un sujet trop souvent abordé dans la passion politicienne.

Quand on voit la faible fréquentation de la Cité de l’Histoire de l’Immigration, on se dit qu’un tel ouvrage est indispensable pour faire bouger les lignes, rompre le silence de l’ignorance et apporter son savoir-dire pour améliorer le vivre-ensemble.

Laurent Lemire

Pour retrouver cet article sur www.agitateur-idees.fr, cliquer ici.


Libération, 29 mai 2010


DISCRIMINATION. LES MOTS QUI FINISSENT EN «ISME»

C’est un ouvrage très politique que livre Esther Benbassa, directrice d’études à l’Ecole pratique des hautes études, avec son Dictionnaire des racismes. C’est aussi un ouvrage daté, dans le sens où il se fait l’écho des mouvements qui ont agité la société française au tournant des années 2000. Ainsi, les Indigènes de la République. Leur thèse soutenant que les populations originaires des territoires jadis colonisés demeurent les victimes de discriminations en France trouve toujours un écho chez les jeunes issus de l’immigration.

Egalement révélateur de l’époque, le chapitre sur les associations françaises contre le racisme. La Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme (Licra) et SOS Racisme voisinent avec leurs frères ennemis, la Ligue des droits de l’homme et le Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples (Mrap). Les textes qui leur sont consacrés explicitent ce qui les divise : le Mrap «accorde une importance croissante au racisme touchant les populations originaires du Maghreb» et donne la «priorité» à la lutte contre l’«islamophobie». La Licra, elle, se montre très sensible au développement d’un «nouvel antisémitisme», dont les musulmans seraient responsables, accusant ses «consœurs d’en négliger la gravité».

Autres entrées très actuelles, celles consacrées à l’islamophobie, à la judéophobie, à l’antisionisme. Egalement mentionné, mais dans le paragraphe sur l’antiracisme, le «racisme antiblanc» ou «antiFrançais», cheval de bataille de l’extrême droite.

Catherine Coroller

La Provence, 30 mai 2010

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France Ô, 31 mai 2010

Esther Benbassa est l’invitée de « Soir Info » (19h).

Le Monde diplomatique, juin 2010

DicRacMondeDiplo

La Revue, juin 2010

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Agenda interculturel (mensuel édité par le Centre bruxellois d’action interculturelle), juin 2010

DicRacAgenda

Radio Aligre, 1er juin 2010

Esther Benbassa est l’invitée de « Youyous et chuchotements », l’émission animée par Nadia Ettayeb (10h-11h).

EducPros – L’Etudiant, 1er juin 2010

Esther Benbassa, directrice d’études à l’École pratique des hautes études : «L’école reste un lieu de discrimination»

Sous la direction d’Esther Benbassa, directrice d’études à l’École pratique des hautes études, le premier Dictionnaire des racismes, de l’exclusion et des discriminations (Larousse), vient de paraître. Le parti pris de cet ouvrage ambitieux est d’évoquer tous les racismes, mais aussi toutes les formes d’exclusion et de discriminations, autant de sujets qui concernent l’école et l’enseignement supérieur.

A qui est destiné ce dictionnaire ?
Contrairement à d’autres pays, notamment les Etats-Unis, il n’existait jusqu’à présent en France aucun dictionnaire sur le sujet. Comme si le racisme ne pouvait pas exister dans un pays qui met en avant les valeurs de liberté, d’égalité et de fraternité, comme si on était incapable de regarder en face les exclusions et les multiples discriminations dont sont victimes en France différentes catégories de populations. Ce dictionnaire s’adresse à tout ceux qui se questionnent sur le rapport à l’autre, à la différence. Il est là pour mettre à plat des concepts et rappeler les définitions de mots qui sont souvent utilisés sans en connaître le sens. Combattre toutes les formes de racismes exige de combattre l’ignorance. Ce dictionnaire est donc un acte de prophylaxie sociale.

Quel regard portez-vous justement sur les politiques de lutte de diversité dans l’enseignement supérieur?
Les initiatives prises, à l’exemple de Sciences Po, sont très bonnes mais elles ne suffisent pas. Les voies du savoir sont encore trop souvent fermées à ceux qui ne viennent pas du même milieu. A voir les taux de réussite des jeunes issus de milieux favorisés par rapport à ceux qui le sont moins, notamment issus de l’immigration, l’école reste un lieu de discrimination. Il faut vaincre les complexes ou l’autocensure de ceux qui se sentent discriminés et n’osent pas suivre telle ou telle filière. Et il faut surtout que le volontarisme vienne d’en haut, de l’Etat et des élites qui restent violemment fermées sur elles-mêmes. Les entreprises ont là un rôle à jouer. Parce que l’argent n’a pas d’odeur, ni de couleur, l’entreprise me semble plus libérale sur ces questions de diversité.

Propos recueillis par Emmanuel Vaillant.

Pour lire l’interview sur Educpros.fr, cliquer ici.

Le Quotidien du médecin, 1er juin 2010
Panorama Hebdomadaire du 31/05/2010 au 06/06/2010
Ouest France, 3 juin 2010

Ce dictionnaire présente et analyse les préjugés racistes et les pratiques discriminatoires, du Moyen Âge jusqu’à nos jours, en France et dans le monde. Dans la partie I, quelques grandes questions sont posées : la France est-elle une société post-coloniale ? Existe-t-il une guerre des mémoires entre victimes ? Quelle éducation contre le racisme ? La deuxième partie est plus chronologique et évoque aussi ceux qui ont combattu le racisme et les discriminations. La Partie III comporte 300 articles de la lettre A (comme antiracisme) à Z (comme zoos humains). Ce dictionnaire a été conçu par Esther Benbassa, directrice d’études à l’École pratique des hautes études, spécialiste de l’histoire des Juifs et d’histoire comparée des minorités, avec la collaboration de Jean-Christophe Attias, Stéphanie Laithier et Vincent Vilmain.

France Ô, 3 et 4 juin 2010

« Dix minutes pour le dire ». Esther Benbassa est l’invitée de Jean-Marc Bramy. Diffusions: le 3 juin à 11h30 et 14h20 et le 4 juin à 1h30. Pour voir l’émission, cliquer ici.

Débat à la Librairie des Abbesses (Paris XVIIIe), 4 juin 2010

Rencontre-débat organisée par la Librairie des Abbesses, avec Esther Benbassa, directrice du Dictionnaire des racismes, de l’exclusion et des discriminations, historienne, directrice d’études à l’Ecole pratique des hautes études, et 4 des 40 contributeurs: Elsa Dorlin, philosophe, maître de conférences à l’Université Paris I, Nacira Guénif-Souilamas, sociologue, maître de conférences à l’Université Paris XIII, Jade Lindgaard, journaliste à Mediapart, et Christiane Taubira, députée de la Guyane. Jean-Christophe Attias, directeur d’études à l’EPHE, qui a secondé E. Benbassa dans la direction de cet ouvrage, était également présent.

Librairie des Abbesses, 30, rue Yvonne Le Tac, 75018 Paris. Accès : M° Abbesses. Pour voir quelques photos de cette rencontre, cliquer ici.

La Marseillaise, 5 juin 2010

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Texte repris le 10 juin sur sur le blog de Jean-Marie Dinh (pour y accéder, cliquer ici).

La Vie, 17 juin 2010

L’essai de la semaine

Dans un contexte de violences intercommunautaires, la parution du premier Dictionnaire des racismes, de l’exclusion et des discriminations jamais réalisé en France éclaircit les idées. Face à la « concurrence des mémoires » et à l’antiracisme sélectif, la quarantaine de chercheurs réunis sous la houlette d’Esther Benbassa nous rappellent ce qui devrait être une évidence : le racisme est indivisible. « Distinguer oui, séparer non point, hiérarchiser moins encore », affirme l’avant-propos. Qu’il frappe les juifs, les musulmans, les Noirs ou les Tsiganes, « le rejet (…) peut conduire aux mêmes horreurs ». Un rejet qui repose toujours sur « l’ignorance de l’autre » et se construit avec « les préjugés et les stéréotypes ». Les 720 pages permettent de redécouvrir les racines de l’antisémitisme, de revisiter l’histoire de l’esclavage ou de se pencher sur les différents génocides, mais aussi d’évoquer les discriminations sexuelles, la montée du féminisme ou l’évolution des théories de l’eugénisme. Trois grands témoins – le footballeur Lilian Thuram, la députée Christiane Taubira et le rappeur Hamé – apportent par leur témoignage, parfois intime, une touche plus personnelle à ce travail encyclopédique. « Le fruit d’un humanisme à plusieurs voix et coloré, toujours en danger, mais obstiné », annonce Esther Benbassa. Rassérénant.

Philippe Merlant

Le Point, 17 juin 2010

Mention de la collaboration de Jean-Christophe Attias au Dictionnaire des racismes, de l’exclusion et des discriminations, à la faveur d’un long entretien donné par l’intéressé à l’occasion de la parution de son dernier livre (Penser le judaïsme, CNRS Editions, 2010). Pour lire cet entretien, cliquer ici.

Les Clionautes, 21 juin 2010

Une quarantaine d’auteurs

L’engagement d’Esther Benbassa, directrice d’études à l’EPHE permet de comprendre aisément qu’elle ait dirigé ce nouveau dictionnaire dans une collection où elle a déjà œuvré au Dictionnaire des mondes juifs [1]. Cette démarche transdisciplinaire réunit une quarantaine d’historiens, politistes, journalistes, architectes et sociologues de sensibilités diverses : Nicolas Bancel, Vincent Geisser, Nacéra Guénif-Souilamas mais aussi Claire Brisset, Denis Peschanski, Michel Giraud, Philippe Rygiel, Michelle Perrot, Pierre Joxe (sur Pierre Bayle), François Xavier et Virginie Laithier, etc. Le parti pris institutionnel est relativement ouvert puisqu’à côté de directeurs de recherches et agrégés, figurent des collègues du secondaire (quels que soient leurs titres) et/ou des doctorants. Aborder une telle masse de sujets dans un seul ouvrage pouvait paraître risqué et prêter le flanc à l’ironie. Mais beaucoup de ces questions sont traitées par les mêmes acteurs au sein des associations, par la HALDE, par les magistrats …et par l’article 225-2 du Code pénal.

Préface à trois voix et grandes questions historiques

Après un avant-propos d’Esther Benbassa, l’ouvrage débute sur une percutante triple préface signée de Lilian Thuram, Christiane Taubira et Hamé (du groupe La Rumeur). Une seconde partie présente en une cinquantaine de pages thématiques « Les racismes, l’exclusion et les discriminations en question », série de synthèses sous forme de titres-questions critiques abordant les discriminations raciales, sexuelles ou physiques en France, l’éducation contre le racisme, la pertinence du paradigme post-colonial, le fait d’être musulman en France, l’imagerie du « beur » et de la « beurette » (qui exaspère la plupart des intéressé-e-s), la présence médiatique des « minorités visibles », les questions mémorielles, la situation des femmes et la symbolique de l’élection d’Obama. 30 pages de « Temps forts » fournissent une présentation chronologique des grandes questions. On retrouve ainsi du XVe au XVIIIe siècle esclavage, tolérance, fanatisme ou gestation de l’idée moderne de race ; abolition de l’esclavage, féminisme, colonialisme et racisme (XIXe) ; nationalisme, expansion coloniale, totalitarisme et génocides pour le premier XXe siècle, le tout conclu par un état des lieux.

Près de 4500 entrées sur 600 pages

Cette partie principale reflète la grande diversité des points de vue et des entrées, par exemple des divergences décelables entre auteurs à propos du hijab. L’ouvrage souligne judicieusement la spécificité laïque française dans le positionnement des discours au sein du clivage droite-gauche. Les analyses sur le racisme présentent entre autres le passage d’un racisme biologique à un racisme culturaliste, ce qui invalide, s’il en était besoin, les méthodes consistant à lutter conte le racisme via un discours uniquement fondé sur la pédagogie visant le racisme biologique. Au nombre des entrées qu’on relève au hasard et de façon tout à fait arbitraire, « Islamophobie », concept largement utilisé par le MRAP, banni du lexique de SOS-Racisme et récusé comme une invention islamiste. Le débat a sans doute quelque chose de dérisoire quand on s’interroge sur le mobile d’un sympathisant d’extrême-droite lançant un cocktail-molotov contre une mosquée. Opère t-il vraiment un subtil distinguo entre arabophobie et islamophobie ?

L’entrée « Génocides », présente, définit et distingue les différents types de massacres de masse. Le massacre des Hereros et des Namas (1904) montre clairement qu’il a pu exister des éléments de filiation ataviques et idéologiques entre ce génocide et celui des juifs. L’extermination des Cambodgiens est ici rattachée à la notion de politicide. On peut sans doute objecter qu’il y avait quand même une dimension raciale dans la perception des différences urbains/ruraux par les Cambodgiens. Parmi les autres entrées, les lois mémorielles, les Cathares, les Justes, la NAACP, le péril jaune, sans papiers, SDF, ségrégation socio-spatiale, skinhead, Calas, Proudhon, la Révolution française, les Tsiganes, Wagner, Voltaire, le Zimbabwé ou la xénophobie. « Hétérophobie » est présentée dans sa dimension homosexuelle et non dans l’acception [2] désignant ainsi le rejet de gens pour leurs origines alors même que médias et concours contre le racisme persistent à user du terme « xénophobie » pour des discriminations frappant des Français (noirs ou d’origine arabe). « Terminologie pour désigner les noirs » livre une analyse sémantique et historique qui permet d’épingler l’insupportable usage du mot « black ». L’entrée « Discrimination indirecte », sous-article d’un très riche développement sur les discriminations dans plusieurs pays du monde, développe par ailleurs le concept d’actes apparemment neutres mais impliquant une discrimination de fait. La navigation dans l’index et dans le sommaire des entrées ne permet pas de retrouver trace de la distinction entre racisme (opinion) et discrimination raciale (action). Or, cette distinction est souvent ignorée des acteurs, comme en témoignent les prévenus (ou les ministres) se défendant d’être racistes, alors qu’ils sont jugés sur un acte d’infraction pénale et non sur le contenu de leur conscience.

Quelques manques

On se devait de souligner les manques en dépit de l’extrême richesse de l’ouvrage. L’entrée « Associations antiracistes » semble trop vague. On en connaît aujourd’hui assez sur la LICA (LICRA), qui clamait en mars 1939 « Il nous faut un ministère de l’immigration » pour les réfugiés juifs ou qui militait pour la paix dans le mandat de Palestine. Idem pour les réseaux parisiens de notables et d’étudiants noirs, agissant alors de concert avec LICA et UNEF. LDH, MRAP et SOS Racisme pouvaient être présentés historiquement de façon plus solide dans un ouvrage censé faire référence. Autre entrée incomplète, le « testing » (en Belgique « test de situation ») semble apparaître ex-nihilo. Or, il ne date pas d’hier, inventé en juin 1939 au quartier latin par deux étudiants antillais dont Justin Camprasse [3]. Une situation comparable avait déjà amené Poincaré à faire fermer un « dancing » en 1923. La méthode ne fait que réapparaître avec les campagnes de SOS Racisme, association qui l’affuble en 1999 d’un nom franglais. Quant à la validité juridique, le jugement d’une affaire grenobloise en cour d’appel date de 2001 (une discrimination à l’embauche piégée par téléphone) et l’arrêt de la cour de cassation de 2002 pour l’affaire du Pym’s de Tours (discrimination aux loisirs).

Les Indivisibles n’ont pas d’entrée. On aurait pu lire davantage sur l’image de l’antiracisme chez ses détracteurs. Féminisme ou antiracisme étant des actions visant l’application du principe d’égalité, une partie du corps social ne perçoit qu’un discours estimé outrancier. Face à la paresse intellectuelle de la pensée anti-antiraciste, ce dictionnaire aurait pu justement devancer ses détracteurs en présentant une critique de concepts comme celui de « racisme anti-blanc », la simple revendication de l’égalité républicaine étant vécue par certains comme une menace contre les blancs [4] et contre la France, comme si dénoncer le racisme n’impliquait pas en soi d’en rejeter toutes les formes [5]. De même était-il nécessaire, pour la même raison, de profiter de l’excellent article « Métissage » (qui démontre le caractère construit de cette catégorie) pour analyser un certain discours (prétendument antiraciste) d’injonction/célébration du métissage [6], qui n’est qu’une logique excluante et raciste. Ce sujet est mieux traité lorsqu’il s’agit des logiques auto-excluantes (hétérophobie) d’un certain militantisme homosexuel. Naguère abordée par Ariane Chebel d’Appollonia [7]) cette injonction/célébration a récemment été analysée [8] pour son caractère paradoxal. Il y avait d’ailleurs matière à présenter la complexité et la profondeur historique de l’entrée « Diversité », où l’on cite des ministres récents en omettant la présence ancienne d’élites politiques noires et la nomination par Laval du premier ministre noir (Diagne) en 1931. Le thème renvoie aussi au terme américain « tokenism », récemment expliqué par Pap n’Diaye [9]. L’affaire Pétré-Grenouilleau, la « leucophobie » de certains médias internet auraient également trouvé leurs places ici, de même que Tariq Ramadan, intellectuel suisse qui intervient dans le débat français (Caroline Fourest se serait sans doute fait un plaisir). L’entrée « Intégration » peut laisser le lecteur sur sa faim en ne critiquant par suffisamment une notion régulièrement appliquée par des Français à leurs compatriotes.

Un ouvrage riche et intéressant

Un tel instrument, pourvu d’un index, d’une liste d’entrée et même d’une bibliographie thématique, manquait à la fois à ces acteurs et aux chercheurs. Les responsables associatifs conviennent que la lecture d’études universitaires fait défaut à beaucoup de militants. Au vrai, les élites elles-mêmes ne sont pas toujours très bien informées, comme on peut le constater en fréquenter les commission préfectorales réunissant pouvoirs publics et associations. Il faut aussi reconnaître que le savoir sur ces sujets connaît une diffusion inégale chez les enseignants en fonction de leur génération, de leurs centres d’intérêts, de leur localisation et de leur vision de la nation France. Dans la prise de conscience du phénomène discriminatoire, l’analyse du discours majoritaire chez les historiens français au cours du quart de siècle écoulé montre d’ailleurs un net décalage (ou retard) sur les travaux des sociologues comme Philippe Bataille [10], ce dont témoigne la lenteur dans la prise de conscience de l’existence de discriminations. Bien évidemment, le livre montre que ces discriminations peuvent être indirectes, c’est-à-dire établies par des gens qui n’en ont pas conscience et démontrées à l’échelle collective sans être visibles à l’échelle individuelle.

On ne peut croire que ce dictionnaire achèvera de convaincre les indécrottables qui estiment plus urgent de dénoncer l’antiracisme et la défense des homosexuels plutôt que les inégalités défiant les principes républicains. Occupés à pointer les errances d’un antiracisme qu’ils ne connaissent pas mais dont ils construisent le discours pour mieux l’attaquer, ceux-là ne manqueront pas de voir dans le présent ouvrage une espèce d’inventaire à la Prévert de tout ce qui peut faire le socle commun/fond de commerce de la gauche associative. Ce dictionnaire mérite cependant mieux que cela. On peut espérer qu’il se révèle un usuel particulièrement utile à la fois, au chercheur pressé qui s’aventure hors de son terrain de prédilection, à l’enseignant d’éducation civique, d’ECJS, de SES et d’histoire (!), enfin au lycéen qui bénéficie ainsi, même si tous les textes ne sont pas aussi accessibles, d’une synthèse du savoir universitaire sur ces questions. C’est d’autant plus important dans le cas de l’homophobie que les CDI sont souvent peu ou pas dotés en ouvrages spécifiques sur un sujet qui soulève des réticences qu’on devine budgétaires ou justifiées par la nécessité du consensus, ce qui est justement le principal argument au pénal pour dénier une discrimination ou la justifier.

Dominique Chathuant

Pour lire cet article sur Clio-cr.clionautes.org, cliquer ici.


Sciences humaines, juillet 2010 (en kiosque le 15 juin 2010)

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Esprit, juillet 2010

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Témoignage chrétien, 29juillet 2010

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La Chronique d’Amnesty International France, juillet-août 2010

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L’Histoire, septembre 2010

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Axelle (magazine féministe de la communauté francophone de Belgique), septembre 2010

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Le Français dans le monde (revue de la Fédération internationale des professeurs de français), sept.-oct. 2010

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Diasporiques, septembre 2010

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CFDT Magazine, sept.-oct. 2010

DicRacCFDT

L’Enseignement public (magazine de la Fédération UNSA Education), septembre 2010

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Presse Nouvelle Magazine , octobre 2010

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Inter CDI , sept.-oct. 2010

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Causes communes , octobre 2010

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L’Express , 22 décembre 2010

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Güncel Hukuk , décembre 2010

Interview d’Esther Benbassa par Rita Ender. Pour accéder à la version papier de cet article, cliquer ici ou sur l’image ci-dessous.

Senin Aksanın Var … Nereden Geldin?

“Irkçılık, Dışlama ve Ayrımcılık Sözlüğü”nün yönetmenliğini yapan Benbassa şöyle söylüyor: ” Irkçılık önyargıdır, önyargıyla başlar. Anne-baba çocuğuna derki; kendini çingeneden koru, çünkü o çalar. Bu böylece Toplumsal zihniyete dönüşür”

Rita Ender

“İsa’nız Yahudi, pizzanız İtalyan, kahveniz Brezilyalı, arabanız Japon, yazınız Latin, tatiliniz Türk rakamlarınız Arap… Ve sen, komşunu yabancı olduğu için kınıyorsun!” diyor Belçikalı şarkıcı Julos Beaucarne. İnsan kınadığından uzak duruyor. Onu bilmiyor, tanımıyor. Öğrenmiyor. Kendisine anlatılan önyargılı fikirleri referans olarak yaşıyor. Ve tam o noktada, araştırmacı Esther Benbassa’nın dediği gibi, ırkçılık başlıyor. Fransa’da Nisan 2010’da yayınlanan “Irkçılık, Dışlama ve Ayrımcılık Sözlüğü”nün yönetmenliğini yapan Benbassa şöyle söylüyor: ” Irkçılık önyargıdır, önyargıyla başlar. Anne-baba çocuğuna derki;kendini çingeneden koru, çünkü o çalar.Bu böylece toplumsal zihniyete dönüşür.

”Fransa’nın ve aslında biraz da Avrupa’nın zihniyetini ortaya koyan, ”Irkçılık, Dışlama ve Ayrımcılık Sözlüğü” adlı kitap üç bölümden oluşuyor.İlk bölümde kadın olmak, siyah olmak köle olmak, Müslüman olmak vs. Üzerine sorular sorarak yazılmış makaleler yer alıyor. İkinci bölümde ırkçılık ayrımcılık ve dışlama, tarihi süreçte ele alınarak inceleniyor. ”Sözlük” başlıklı üçüncü ve en geniş bölümde ise, ayrımcılığa, ırkçılığa ve dışlanmaya işaret eden, bunları simgeleyen, birşekilde bunları ilgilendiren kelimeler açıklanıyor.

Tapılmış açıklamalar ve “ırkçılık –ayrımcılık-dışlanma”nın üzerine; İstanbul’da doğmuş,bir süre İsrail’de yaşayıp sonra Fransa’ya yerleşmiş olan Sorbonne Üniversitesi profesörlerinden Esther Benbassa ile söyleştik…

Bu kitabı oluşturma fikri nasıl ortaya çıktı?

Senelerdir, Jean –Christophe Attias ile beraber sivil faaliyetler düzenliyorum, sivil hareketler içinde yer alıyorum.Ben sadece bürosunda çalışan, ders hazırlayan bir akademisyen değilim.Seminerler düzenliyorum, “Le Pari(s) du Vivre Ensemble” adında bir derneğimiz var. Jean Christophe ile, Müslüman ve Yahudi yaklaşması üzerine, okuldaki ayrımcılık üzerine, okuldaki ayrımcılık üzerine, Fransa’daki sömürgecilik hareketleri üzerine çok çalıştık.Büyük ve özel günler düzenledik, okullarda öğrencilere konferanslar verdik, UNESCO ile ortak projeler yürüttük. Politikada yer alan azınlıklar üzerinde durduk. Neden? Çünkü politikada çok azınlık yok!Ayrımcılık ve ırkçılık üzerinde çok durduk.Irkçılığın, ayrımcılığın ve dışlamanın ne demek olduğunu insanlara anlatacak bir çalışma yapmanın gerekli olduğuna inandık ve gördük ki, ne Fransa’da ne de Avrupa’da yayınlanmış bir ırkçılık sözlüğü var. Türkiye’de de olmadığını düşünüyorum!Amerika’da var.

Sözlüğü oluşturmaya karar verdiniz ve 40 kişilik bir ekip kurdunuz.Bu sözlük için çalışacak söz konusu 40 kişi neye göre seçildi?

Biz bu kişileri seçtik çünkü onların çalışmalarını, onların kişiliklerini biliyorduk.Aralarında sivil toplum için çalışan kişiler var; örneğin, Christiane Taubira. Politikada rol almış insanlar var, örneğin; eski İçişleri Bakanı Pierre Joxe.I rkçılıkla, eşitsizlikle savaşmak için, bu sorunu ortaya koymuş olan, koyan önemli yüzler de var;örneğin futbol oyuncusu Lilian Thuram… Bu kişilerin hepsi meseleyi, sorunu iyi biliyor.

Sorun, hepsinin kişisel sorunu değil.Aralarından sadece bazıları ırkçılığa, ayrımcılığa maruz kalmış…

Bazıları bu konu üzerinde çalışan, örneğin; üniversitede araştıran akademisyenler, bazıları ise yaşayan insanlar.

Irkçılığı yaşayanlar konu üzerine konuşmaya meyilliler mi, bu konu üzerindeki gözlemleriniz nedir?

Bunu bilmiyorum. Ama bugün herkes kendini biraz “mağdur” görüyor.Biraz evvel burada, bir profesörün bürosunu kullanmakta olan siyah, genç bir öğrenci vardı.Ben ona dedim ki; ”Burası size ait değil, bu büro talebeler için değil.Yakında buraya gelecek olan profesörün bürosu, eğer burada çalışacaksanız temiz tutun”. Bana şöyle cevap verdi;”Bunu bana söylüyorsunuz çünkü ben kirliyim?!” Görüyormusunuz?İste bugün bu “mağduriyet” hissinden kaçamıyoruz.Aslında herkes “mağdur” değil fakat bununla birlikte mağduriyete karşı koymanın gerekli olduğu durumlar var: Göçmen sorunu var; Topluma entegre olamayan göçmenlerin sorunları var. Tüm batı dünyasına ait olan, bütün Batı dünyasını ilgilendiren bir problem var;” İslam fobisi”. İsrail-Filistin çatışması var.Arap Müslümanlar, içinde bulundukları her duruma Yahudiler’in sebep olduğunu düşünüyor. Yahudiler Araplardan korkuyor.Hepimiz bu tip “sanrılarla” yaşıyoruz. Ve aslında gerçek olan bu. Yaşadığımız gerçek ; sanrının içinde olduğumuz!

Başka bir röportajınızda, “sanrı” yerine “bayağı” kelimesini kullanmayı tercih ediyorsunuz ve ırkçılığın artık sıradan, bayağı bir konu gibi ele alındığını söylüyorsunuz…

Evet.Bugün bunun bayağı olduğu, sıradan olduğu düşünülüyor. Burada, ifade özgürlüğü meselesi devreye giriyor.İfade özgürlüğü, insanların tartışmasını, konuşmasını mümkün kılar. Fakat ifade özgürlüğü demek; “senin burnun güzel değil“, “kulağın böyle”, “sen zencisin, zencileri sevmem” deme özgürlüğü değildir.İfade özgürlüğü, demokratik bir haktır ama akla gelen herşeyi söyleme hakkı değildir. İfade özgürlüğü, Amerikan Anayasası’nın 1.maddesinde yer alır, ama Avrupa’da durum bu değildir;anayasaların birinci maddesinde yer almaz. Ve aslında biz, ifade özgürlüğünün nerede bittiği konusunda eğitilmiş değiliz.Herkes her şeyi söylüyor. Bu gün artık tabu yok;”Arapları sevmem”, “Yahudileri sevmem”… Gerçi Yahudilere çok dokunulmuyor, çünkü Holokost oldu. Yahudilere karşı biraz ihtiyatlı davranılmaya çalışılıyor.

İhtiyat kelimesi bilinci içeriyor.Irkçılık, ayrımcılık konularında bilincin yeri nedir?

Bilinç bir eğitim meselesidir.Biz, bizim gibi olmayanlara, bize benzemeyenlere saygı duyma konusunda eğitilmiş değiliz.Biz kendimizi başkalarına anlatırsak, ırkçılığı durdurmak için bir eğitim vermiş oluruz. Bir adam Amerika’da, “ben siyahları sevmem” dediği zaman kendini mahkemede bulur.Ama burada, Türkiye’de…Bunlar hep başka bilinçler başka eğitimler işte.

Amerika’da yayınlanan sözlük ile sizin hazırladığınız sözlüğün arasında nasıl farklar var?

O sözlük bizimkisi gibi toplu bir sözlük değil; o sadece ırkçılık üzerine yazılmış. Ayrımcılık ve dışlama konularını kapsamıyor. Biz hepsini bir araya koymak istedik.Elbette 700 sayfaya herşeyi koymak mümkün değildi ama… Amerika’da yazılmış sözlüğümüz aynı vizyonu taşımıyor. O sözlüğün zencilere ayrılmış bölümü çok daha genişti, çünkü bu nüfus orada göçmen değil. Bizimkinde, Avrupa için olanında zenciler göçmen statüsündeki kişiler olarak değerlendirildi. Kağıtsızlar incelendi. ”İslam fobisi” ele alındı.Dolayısıyla farklı sorunlar ortaya konmuş oldu.

Bu kitap Türkiye için hazırlanmış olsaydı nasıl olurdu?

Azınlıklar üstüne daha çok madde koymak lazım olurdu. Azınlıklar, Tüekiye’de ikinci sınıf vatandaş. Burada “azınlıklar”dan bahsedildiğinde herkes sorunun ne olduğunu anlar, azınlık kelimesinin kimleri içerdiğini bilir. Müslüman Araplar, Yahudiler, zenciler… Ama Türkiye’de… Azınlıklar dışında, kadınlardan ve eşcinsellikten daha çok söz etmek gerekirdi. Belki de en çok, milliyetçiliğin sebep olduğu zararlardan bahsedilirdi! Dinden bahsetmek de gerekirdi. Bizim kitapta, biz türbandan söz ettik ama Türkiye’de türbanı başka türlü ele almak gerekirdi. Burada türban, göçmen kadınlar için bir kimlik sorunu, var olma sorunu. Türkiye’de daha çok dini bir kimlik… Ama tabii ki bütün bu konjonktüreldir.

Siz burada Türkiyeli olmanızdan veya Yahudi olmanızdan dolayı ırkçılığa maruz kaldınız mı?

“Nereden geldin, senin bir aksanın var ?” Yaptığım işte gözü olanlar, göçmenlerin bu işi yapmaya hakkı olmadığını düşünenler vardı.Onlara göre göçmenlerin, Fransızlarla aynı işleri yapma hakkı yoktu.Ben bir genç kadınken, lisede öğretmenlik yapıyordum. Bir gün, bir sözlü sınavdaydım, biri yanıma geldi ve dedi ki; “okulun küçük öğrencilerinin sizin aksanınızı kapacaklarını, bu aksanla konuşacaklarını düşünmüyor musunuz? Ben onu şöyle yanıtlamıştım: ”Çoğunluk hiçbir zaman azınlığın aksanını kapmaz. ”Bir sürü insan, veliler diplomamı soruyorlardı, o mesleği yapmaya hakkım olup olmadığını öğrenmek istedikleri için.İşte bunlar günlük ırkçılıklar… İşte ırkçılık, sadece renk ırkçılığı değildir. Irkçılık;engelli olana, eşcinsel olana, genç olana, yabancı olana,kadın olana, “normal” olmayana olmayana yapılıyor. Bu yüzden ırkçılık, benim için başkasını reddetmektir.

L’Enseignement public (magazine de la Fédération UNSA Education), septembre 2010