Le Nouvel Observateur, 25 mars 2010
Livres Hebdo, 2 avril 2010
Le Courrier de l’Atlas, avril 2010
BUZZ…
Le 7 avril, le communiqué de presse de l’éditeur (pour en télécharger l’original à partir du site officiel de Larousse, cliquer ici) a été massivement diffusé par courriel. Il a été repris, en partie ou intégralement, par de très nombreux sites et blogs, au nombre desquels ont pourra citer les suivants: l’Agence nationale pour la cohésion sociale et l’égalité des chances, la Cité nationale de l’histoire de l’immigration, Gay Kosmopol, la LDH 92 Sud, le Réseau européen contre le racisme, le MRAP, Oumma.com, SudPlanète, Coordination des Berbères de France, Al-Aide.Com, Action antifasciste, My Boox, la Grande Mosquée de Strasbourg, Collectif-Passerelle, l’Association de la presse panafricaine, la Lettre des Projets citoyens de la Région Île-de-France, L’Islam en France, etc.
La Croix, 7 avril 2010
France Ô, 7 et 8 avril 2010
« Toutes les France », émission animée par Ahmed El Keiy. Thème du débat: « Racisme ordinaire et liberté d’expression ». Invités: Esther Benbassa, André Bercoff, Gaston Kelman et Daniel Dalin. Diffusé le 7 avril à 22h30 et le 8 avril à 12h30.
Pour voir l’émission, cliquer ici.
France 2, 9 avril 2010
« Vous aurez le dernier mot ! », émission animée par Franz-Olivier Giesbert (23h). Un débat intitulé «Les religions, ennemies des femmes» met en présence Taslima Nasreen et Caroline Fourest, qui publient Libre de dire, chez Flammarion, Paul-Marie Couteaux, Vincent Geisser qui publie Nous sommes Français et Musulmans, chez Autrement, et Esther Benbassa, qui publie Dictionnaire des racismes, de l’exclusion et des discriminations, chez Larousse.
Respect Magazine, 13 avril 2010
LDH-Toulon, 13 avril 2010
Le site de la LDH-Toulon présente longuement le dictionnaire et en publie deux extraits (les notices « Gay Pride » et « Terminologie raciste et xénophobe »). Pour accéder à cette page, cliquer ici.
Beur FM, 14 avril 2010
Emission »Forum Débat », animée par Abdelkrim Branine, de 18h30 à 20h, entièrement consacrée au Dictionnaire. Invités : Esther Benbassa, Directrice d’études à l’École pratique des hautes études (Sorbonne), Vincent Geisser, sociologue et politologue au CNRS et à l’Institut de recherches et d’études sur le monde arabe et musulman, Nacira Guénif-Souilamas, Maître de conférences à l’Université Paris-XIII et Jean-Christophe Attias, Directeur d’études à l’École pratique des hautes études (Sorbonne).
L’humeur de Pascal Boniface sur www.iris-france.org,
15 avril 2010
Esther Benbassa vient de diriger la publication du Dictionnaire des racismes, de l’exclusion et des discriminations (Editions Larousse). Encore un gros boulot de sa part. Plus de 700 pages à la fois denses et limpides. Esther Benbassa poursuit, malgré les adversités, son chemin pour une approche qui soit réellement empreinte d’universel et de lutte contre le communautarisme et les discriminations. Elle n’a jamais choisi la facilité, le vent dominant, les compromissions utiles. Mais elle bâtit patiemment une oeuvre où la brillance intellectuelle vient au secours de la rigueur scientifique et du sens de la justice.
Rue89,17 avril 2010
Le grand entretien. Benbassa : « C’est la faute des élites si la France se rabougrit »
L’historienne Esther Benbassa parle avec un léger accent, comme pour rappeler qu’elle est une Française comme beaucoup d’autres : riche de ses racines familiales tortueuses. Née à Istanbul, juive, elle est arrivée en France à l’âge de 22 ans. Depuis des années, avec son compagnon dans la vie et dans le travail- Jean-Christophe Attias, elle se consacre au rapprochement entre juifs et arabo-musulmans. Pour lire la suite et visionner l’entretien, cliquer ici.
Repris sur Yahoo.fr.
Délinquance, justice et autres questions de société 17 avril 2010
A la une de ce site d’analyse et de ressources animé par le sociologue Laurent Mucchielli, directeur de recherches au CNRS:
Un Arabe ça va, mais quand il y en a beaucoup…
Hasard du calendrier, un « dictionnaire des racismes, de l’exclusion et des discriminations » paraît en librairie au moment où le Tribunal correctionnel de Paris commence à juger la plainte pour « injures raciales » déposée par le MRAP contre Brice Hortefeux. Le ministre (alors de l’immigration et de l’identité nationale) plaisantait avec un groupe de militants UMP lors de leur université d’été en septembre 2009. Parmi eux, un jeune homme né de père algérien souhaitait être pris en photo avec le ministre. Sur la vidéo enregistrée par les journalistes présents, l’on entend une femme dire du jeune homme : « Il est catholique, il mange du cochon et il boit de la bière », ce à quoi le ministre réplique : » Ah, mais ça ne va pas du tout, alors, il ne correspond pas du tout au prototype, alors ». Une participante ajoute : « C’est notre petit Arabe… ». Et le ministre conclut : « Il en faut toujours un. Quand il y en a un, ça va. C’est quand il y en a beaucoup qu’il y a des problèmes. Allez, bon courage, hein ! ».
« Le racisme et la xénophobie se manifestent par des attitudes, des actions, voire des violences, mais avant tout à travers le langage », explique Didier Lapeyronnie dans l’une des entrées de ce dictionnaire dirigée par l’historienne Esther Benbassa.
Voir la présentation de ce livre sur le site de l’éditeur.
OummaTv, 22 avril 2010
Au sommaire d’OummaTV, un entretien avec Esther Benbassa, directrice d’études à l’ École Pratique des Hautes Études qui a dirigé Le Dictionnaire des racismes, de l’exclusion et des discriminations paru aux éditions Larousse. Ce dictionnaire est une première en France. Il présente et analyse les préjugés racistes et les pratiques discriminatoires des origines à nos jours, dans notre pays et dans le monde. Pour voir la vidéo, cliquer ici.
TV5 Monde, 24 avril 2010
Esther Benbassa et Jean-Christophe Attias sont les invités du Journal de 6h, présenté par Mohamed Kaci. Pour voir l’émission, cliquer ici.
Al Massae (quotidien marocain), 24 avril 2010
« Le racisme au pluriel ». Compte rendu de l’ouvrage par Maati Kabbal.
Le Télégramme (Brest), 25 avril 2010
El Watan (quotidien algérien),
26 avril 2010
Plus de 720 pages pour venir à bout de ce dossier qui mine la société française, il fallait bien ça pour commencer à y voir clair. Une parution magistrale.>
C’est une belle surprise doublée d’une utilité manifeste que la parution du Dictionnaire des racismes, de l’exclusion et des discriminations chez Larousse. Une première en France
et peut-être mondiale, car si les Anglo-Saxons (les Américains surtout) y ont déjà œuvré dès les années 1980, ils n’avaient pas associé les thématiques lourdes aujourd’hui en France de l’exclusion
et des discriminations sous toutes leurs formes, pas seulement racistes ou xénophobes. Esther Benbassa, directrice d’études à l’Ecole pratique des hautes études qui a superviséle livre, explique la démarche qui est de « transmettre, d’alerter, de rectifier, d’aller au-delà des préjugés et des stéréotypes, dans la clarté et la précision, en évitant la démagogie et autant que possible
les partis-pris ». Un objectif difficile, lourd qui a demandé à plus de 40 chercheurs de contribuer, par leurs apports, à enrichir cet ouvrage, « fruit d’un humanisme à plusieurs voix et coloré, toujours en danger, mais obstiné malgré sa fragilité, face à la barbarie, elle est omniprésente ». C’est pourquoi, l’ouvrage est un « appel à la solidarité, seule valeur sûre en ces temps de crise ».
Esther Benbassa, apaisée au bout de ce marathon intellectuel collectif, indique que c’est là un projet qui lui tenait à cœur : « Parce qu’intellectuelle, citoyenne, je crois malgré tout, contre l’évidence même, qu’on peut, sinon changer le monde, du moins le rendre un peu meilleur. Ce modeste travail n’y suffira pas ». Le dictionnaire s’ouvre sur les temps forts d’une chronologie qui invite à une traversée d’une histoire contrastée, jusqu’aux récents reculs en France sur la mémoire et sur l’accueil des étrangers, avec le ministère de l’Immigration. Ensuite 300 articles, de longueur variable vont de l’abolitionnisme à zoos humains, en passant par antisémitisme, banlieues et quartiers, bible, colonisation, cultures noires, esclavage, gay pride, génocides, hip hop, identité nationale, islamophobie, langues, cultures et identités créoles, littérature orientaliste, marche pour l’égalité, misogynie, nakba, négationnisme, paria, pauvreté et précarité, totalitarismes, tsiganes, voile…
Dans une préface, trois voix sont invitées à commenter. L’ancien footballeur Lilian Thuram écrit que « la racine des différences est, je crois, d’abord sociale. Qu’il s’agisse du sport ou de l’école, l’inégalité est la règle ». Christiane Taubira, députée de la Guyane, estime que « ceux qui vous côtoient dans une relation tellement normale que votre couleur échappe à leur attention, se trouvent fort dépourvus lorsque l’actualité rend visibles ceux qui vous ressemblent ». Enfin Hamé, du groupe de hip-hop La Rumeur, poursuivi il y a quelques années par le ministère de l’Intérieur pour avoir porté atteinte à l’honneur de la police nationale, alors qu’il pointait « la récurrence des violences policières contre les populations issues de l’immigration ». Il écrit comment, alors enfant, à l’école, il était tout fier de tracer sur le tableau noir, maladroitement, les lettres Algérie à la demande du professeur. C’était durant un cours sur la conquête de 1830 : « Je ne saurais jamais ce qui peut pousser un adulte à manipuler un enfant au point de lui faire écrire sa propre défaite, celle de ses ancêtres aux confins d’un siècle révolu (…). Ayant regagné ma place, je me rendis compte de l’humiliation qui venait de m’être faite ». Une version vécue de ce que peuvent ressentir des millions de personnes au pays des droits de l’homme.
W. M.
Pour lire l’article sur le site de El Watan, cliquer ici.
Le Monde ,
26 avril 2010 (daté du 27 avril 2010)
RFI ,29 avril 2010
Esther Benbassa et Jean-Christophe Attias sont les invités de « La danse des mots », une émission animée par Alain Amar. Pour accéder au site de l’émission, cliquer ici.
Politis ,29 avril 2010
BFM Radio , 29 avril 2010
Esther Benbassa est l’invitée, à 13h30, du 12-15, émission animée par Hedwige Chevrillon.
Médiapart 29 avril 2010
Niqab, polygamie: la création d’un «musulman imaginaire»
par Carine Fouteau
Niqab, polygamie, communautarisme: la machine à stéréotypes est en marche. Le Dictionnaire des racismes, de l’exclusion et des discriminations, qui vient d’être publié, sous la direction d’Esther Benbassa, aide à comprendre la construction des préjugés en France et ailleurs.
Voilà près d’un an que la question de l’interdiction du voile intégral, revêtu par quelques centaines de femmes de confession musulmane en France, occupe le débat public. Alors que le gouvernement s’apprête à légiférer, la polémique s’est insensiblement déplacée, ces derniers jours, sur le terrain de la polygamie, de la fraude aux allocations familiales et des violences faites aux femmes. Dans la ligne de mire du ministre de l’intérieur, cette fois-ci, un homme, Liès Hebbadj, Français musulman de Loire-Atlantique, dont l’épouse a été verbalisée pour avoir conduit en portant un niqab. Multipliant les accusations, Brice Hortefeux menace de le déchoir de la nationalité française.
Auparavant, le «débat» sur l’«identité nationale» organisé par Éric Besson, le ministre de l’immigration, a donné lieu, cet automne et cet hiver, à une succession de propos à tonalité raciste, émanant de responsables de la majorité présidentielle. Percutées par le vote suisse sur les minarets, ces déclarations ont principalement visé la population musulmane, considérée comme distincte du «corps traditionnel français».
La machine à stéréotypes est en marche. Malgré des appels, à droite comme à gauche, contre les amalgames et la stigmatisation de l’islam, circulent les images du musulman irrespectueux des «valeurs de la République», polygame, arnaqueur de la CAF, violent, envahissant ou communautariste. Femmes et enfants n’échappent pas aux préjugés. L’épouse musulmane est identifiée à une victime consentante, tandis que le «jeune», lui, est présenté comme parlant verlan et portant sa casquette à l’envers.
Sous la direction d’Esther Benbassa, directrice d’études à l’École pratique des hautes études, le Dictionnaire des racismes, de l’exclusion et des discriminations (Larousse), publié récemment, éclaire et contextualise la construction d’un tel rejet. Le parti pris est d’y évoquer «tous les racismes, mais aussi toutes les formes d’exclusion et de discriminations» dans la mesure où celles-ci s’additionnent souvent et se combinent.
«Il y a un racisme et une xénophobie d’État»
Mais l’ouvrage s’interroge particulièrement sur le sort réservé aux musulmans dans la France d’aujourd’hui. Interrogée par Mediapart, Esther Benbassa rapproche la situation actuelle de «ce qu’ont vécu les Juifs à partir de la fin du XIXe siècle et jusqu’à la Seconde Guerre mondiale». Selon elle, «tout est fait pour montrer que la population arabo-musulmane est indésirable, qu’elle n’est pas intégrable et donc incompatible avec la République. Des pratiques comme le port du voile intégral ou la polygamie ont beau être ultra-minoritaires, elles apparaissent représentatives, en raison des déclarations politiques et médiatiques».
«La France, ajoute-t-elle, construit son identité contre l’autre. Il y a un racisme et une xénophobie d’État qui se conjuguent avec une mission civilisatrice, pas très éloignée de l’expérience de la colonisation. Les femmes en niqab? Il faut les émanciper. Les hommes polygames? Il faut les remettre dans le droit chemin. On n’est pas très loin non plus de la fin du XVIIIe siècle, quand il s’agissait de “régénérer” les Juifs.»
Dans un article intitulé «Comment peut-on être musulman en France?», le sociologue et politologue Vincent Geisser analyse l’élaboration de «la figure du “musulman imaginaire”, comme on a pu parler par le passé de “Juif imaginaire”». «Ces dernières années, écrit-il, le thème du communautarisme musulman est devenu central dans le débat public, généralement associé aux idées de “menace”,
de “repli” et d’“enfermement identitaire”.
En résulte, selon l’auteur, «une forme de crispation identitaire, les acteurs majoritaires (“nous”) accusant les musulmans (“eux”) de véhiculer des principes et des valeurs contraires à l’intérêt national». «Nous sommes en présence d’une injonction paradoxale, souligne-t-il, où l’on exige des “Français issus de…” qu’ils donnent des gages de leur citoyenneté et de leur francité, tout en les renvoyant systématiquement à leur islamité. (…). Cette démarche relève moins d’un racisme classique de type biologique, puisque personne ne croit vraiment en l’existence d’une “race musulmane”, que d’un racisme de type culturaliste, à savoir d’une survalorisation de la différence culturelle et religieuse, interprétée comme facteur de difficile intégration sinon de non-intégration des populations postcoloniales à la communauté nationale».
Cette assignation suscite en retour chez les Français issus des migrations postcoloniales une «sorte de feed-back identitaire qui les pousse de plus en plus à se définir spontanément comme musulman dans la société française actuelle», selon Vincent Geisser.
Composé de 500 entrées classées par ordre alphabétique – des Africains-Américains au voile en passant par le colonialisme, l’excision et le hip-hop –, ce Dictionnaire est aussi constitué d’une chronologie sur l’histoire du racisme et des combats qui l’ont accompagnée. Son objectif, comme le rappelle Esther Benbassa dans l’avant-propos, est de «débanaliser» les mots qui reviennent sans cesse dans l’espace public afin de décrypter leurs usages et leurs effets, tantôt déformants, tantôt performatifs.
Pour retrouver cet article sur le site de Médiapart, cliquer ici.
Respectmag.com 30 avril 2010
Un Dictionnaire des racismes, de l’exclusion et des discriminations
par Maral Amiri
Droit d’asile, islamophobie, nègre, discrimination positive, gay pride… En 3 volets, et près de 500 entrées, l’ouvrage analyse préjugés racistes, pratiques discriminatoires, et mouvements de résistance, à différentes époques. Explications de son initiatrice, Esther Benbassa.
Comment est né le Dictionnaire des racismes, de l’exclusion et des discriminations ?
Il s’insère dans la continuité du Pari(s) du Vivre-ensemble, mis sur pied, avec Jean-Christophe Attias, qui m’a par ailleurs secondée pour l’élaboration de ce Dictionnaire. Depuis des années, nous organisons ensemble des activités citoyennes pour rendre plus harmonieuse la vie avec nos semblables. La dernière, en décembre 2009, avait pour thème « Minorités visibles en politique » (Voir Respect Mag 24). Ce Dictionnaire a été le fruit d’un travail de longue haleine, rendu possible grâce à la collaboration d’une équipe de quarante personnes. Experts, savants, responsables associatifs, hommes et femmes de la société civile, telle la députée Christiane Taubira, le footballeur Thuram, le rappeur Hamé, ou l’ancien ministre et ancien membre du Conseil constitutionnel Pierre Joxe. Un ouvrage de 728 pages, dense, mais écrit dans une langue accessible, abordant les thèmes qui interpellent notre société d’aujourd’hui, tout en interrogeant le passé. Une chronologie sur la longue durée aide aussi à se repérer dans la longue histoire du racisme. Ce livre fait également la part belle aux luttes de ces hommes et de ces femmes qui ont subi les discriminations, l’exclusion et le racisme, mais qui ne les ont pas subis seulement comme des victimes, mais ont agi positivement, en créant des cultures. Ce Dictionnaire évoque aussi les cultures créoles, les cultures noires, le cinéma, la musique, l’art noir, l’art engagé né dans le combat. La pauvreté, l’injustice sociale en général, sont également étudiées. Toutes les humiliations auxquelles sont soumis les êtres humains, non seulement en raison de la couleur de leur peau, ou de leur appartenance religieuse et ethnique, mais aussi pour des questions de genre, d’orientation sexuelle, de poids, d’âge, de particularités physiques, etc. Aucune personne responsable de son prochain n’a le droit de fermer les yeux. Nous avons été guidés par nos propres luttes, le sens que nous avons de notre devoir de citoyens, notre éthique et notre empathie pour le monde.
Objectif d’un tel ouvrage?
Ce Dictionnaire qui se feuillette et se lit librement, au gré des questionnements de chacun, est d’abord une oeuvre de prophylaxie sociale. Il se veut aussi un outil pour combattre l’ignorance, mère de tous les maux. Il ne changera pas le monde et il n’en a pas les moyens, mais pourquoi ne pas se dire qu’il n’y a rien de mieux pour endiguer les racismes, l’exclusion et les discriminations que de se battre sur le terrain que nous connaissons bien: l’éducation ?
Peut-il permettre « d’éduquer » contre le racisme et les discriminations?
Un Dictionnaire, des bibliothèques entières, des régiments d’éducateurs n’arriveront pas en un jour ni en un siècle à éradiquer tous les fléaux dont nous parlons ici. Ce n’est pas une raison pour baisser les bras. Notre objectif est modeste: aider à faire prendre conscience que quiconque peut être objet de rejet, que personne n’échappe à ce rôle de l’Autre qui dérange, qui met en question, qui interroge la société. Le rejet est en nous. Mais si nous en prenons conscience, c’est déjà un pas en avant. Encore faut-il s’en donner les moyens. Avertir, faire savoir, donner des instruments pour accueillir l’Autre en nous, en montrant son importance pour la civilisation, y compris « blanche », voilà quelques missions que chacun de nous peut remplir, à condition de ne pas se contenter de ce qu’il sait, mais de se donner la peine d’apprendre. Il est un chemin à parcourir avec celui qui paraît ne pas nous ressembler de prime abord, mais qui, en fait, est si proche de nous. Les préjugés sont nos ennemis, nos propres ennemis. Il est temps de leur tordre le cou parce qu’ils font barrage entre « nous » et « les autres ».
Ce dictionnaire est une première en France. Pourquoi selon vous ?
La France est « le pays des droits de l’homme » et elle continue à vivre avec des principes qui aujourd’hui sont de moins en moins appliqués. La gauche se dit championne de ces droits, la droite s’engouffre dans le républicanisme, sacralisé. Il n’y a pas non plus, à ma connaissance, un dictionnaire semblable en Europe, continent sûr de la valeur de sa culture et qui vit encore dans l’illusion de sa grandeur d’antan. Elle reste intimement persuadée d’avoir apporté au monde la civilisation, droits de l’homme compris. Une vision en fait encore imprégnée de colonialisme. Les grandes organisations de lutte contre le racisme qui existent en France ont certes mené un travail en profondeur, mais longtemps nombre des cibles du racisme n’en faisaient pas partie et surtout n’étaient pas aux commandes. Le Nouveau Monde, lui, est terre d’immigration. Qu’on le veuille ou non, il a été obligé progressivement d’ajuster l’idée qu’il avait de sa supériorité et de regarder la réalité. Terre d’esclaves, terre de génocides des aborigènes, sous la pression des populations immigrées, des descendants d’esclaves ou de populations décimées, le Nouveau Monde a mis du temps, mais s’est remis en question. Et le multiculturalisme américain a permis que les minorités s’organisent par elles-mêmes, revendiquent activement leurs droits, et ainsi influent plus efficacement sur les élites. C’est ainsi que les dictionnaires sur les racismes ont pu y être élaborés plus tôt et avec moins de complexes. N’oublions pas que la société civile nord-américaine et ses associations ont joué un rôle primordial dans ces combats. Ces dictionnaires ont été l’aboutissement de ces prises de conscience et de ces luttes intenses. En France, en revanche, on voit qu’au nom des principes de liberté, d’égalité, de fraternité et de laïcité, l’élan des combats n’a pas su ou pu influencer suffisamment les élites. Ceci dit, même aux Etats-Unis, à ma conaissance, il n’ existe pas un dictionnaire qui, comme le nôtre, aborde ensemble les racismes, l’exclusion et les discriminations.
Le mot de la fin ?
Rien n’est acquis , tout est toujours à refaire. D’autres prendront le relais pour aller de l’avant et produire d’autres dictionnaires, mener d’autres luttes, créer d’autres espaces d’éducation, positionner autrement les choses. Et c’est très bien ainsi.
Pour retrouver cet entretien sur Respectmag.com, cliquer ici.
Respectmag.com publie également des bonnes feuilles. Pour découvrir
trois notices du Dictionnaire, cliquer ici
Affaires-stratégiques.info (un site de l’IRIS),
30 avril 2010
Esther Benbassa, directrice d’étude à l’Ecole pratique des hautes études, spécialistes d’histoire des Juifs et d’histoire comparée des minorités et Jean-Christophe Attias, directeur d’étude à l’Ecole pratique des hautes études, spécialiste de pensée juive médiévale, co-auteurs de « Dictionnaire des racismes, de l’exclusion et des discriminations » (Larousse, 2010), répondent à nos questions :
– Pourquoi une telle démarche ?
– Comment expliquez-vous que ce dictionnaire soit une première en France ?
– Quel bilan peut-on tirer aujourd’hui de ces phénomènes de racisme er de discrimination en France ?
Pour voir la vidéo, cliquer ici.
>> Suite des recensions, interviews et réactions (mai-décembre 2010) <<