« Ce vague concept a répondu à une volonté chrétienne de s’approprier l’héritage juif tout en le neutralisant. Il fait surtout fi d’une hostilité réciproque, des persécutions, des apports grecs, latins, arabes à notre culture…
ll fut un temps où l’idée d’une « civilisation judéo-chrétienne » aurait suscité bien des réserves. Et de la gêne. Chez bien des chrétiens, et aussi chez bien des juifs. Ce n’est qu’en 1948 – après la Shoah – que l’« Amitié » du même nom est née, à l’initiative d’un juif, l’historien Jules Isaac, qui avait lui-même perdu les siens dans le désastre. Et ce n’est qu’en 1965 que l’Église catholique, dans la déclaration Nostra Ætate, a officiellement reconnu « le grand patrimoine spirituel commun aux chrétiens et aux juifs ». L’engouement présent pour la « civilisation judéo-chrétienne » a-t-il d’ailleurs quoi que ce soit à voir avec cette histoire-là ? Ce « judéo », pour le coup, ne … »